Certains patients me disent: « Je manque de volonté, je suis paresseux/se ». Si vous vous reconnaissez dans ces mots et que vous lisez ceci, c’est que vous cherchez des solutions.

Je m’intéresse à votre volonté parce que si vous fixez des objectifs et ne vous y tenez pas, ceci peut affecter votre image de vous-même. C’est aussi une question de valeurs. Ces valeurs qui parlent en vous et vous disent de manger sain, faire du sport, arrêter du fumer, entamer un projet, … Soyez cohérents avec elles et vous vous estimerez mieux.

Il n’est pas nécessaire que vous fassiez beaucoup de choses pour être une personne qui a la valeur. Vous avez de la valeur en tant que personne parce que vous êtes vous. Parce que vous avez pris la peine de venir au monde. Parce que vous avez reçu la vie. Point. Il n’empêche que lorsque vous n’accomplissez pas ces choses qui sont importantes pour vous, votre image de vous est affectée. Vous vous voyez comme paresseux/paresseuse et vous avez encore moins envie d’accomplir.

Le pouvoir de la volonté

Récemment j’ai fait quelques recherches sur le pouvoir de la volonté (will power en anglais) pour pouvoir mieux aider mes patients qui veulent mettre en place une bonne habitude, ou en perdre une mauvaise. Ce que j’ai découvert a commencé à porter ses fruits.

Une vision des choses connue (exposée dans cette vidéo) dit que notre volonté est comme une batterie : plus on l’utilise, moins il reste d’énergie. Cette manière de penser risque de nous pousser à être fort indulgent envers nous-même et à accomplir moins de choses. Voici donc en résumé la vision « batterie » et son alternative. Attention lisez jusqu’au bout sinon vous risquez de tirer les mauvaises conclusions !

L’épuisement de la volonté, échec de l’égo

Une étude en psychologie (1) est souvent mentionnée dans les articles et vidéos sur le manque de volonté. Imaginez la situation comme si vous participiez à l’expérience : dans un premier temps votre détermination est mise à l’épreuve : on vous fait entrer dans une pièce où se trouve de la nourriture et on vous demande de ne pas y toucher. pouvoir-de-la-volonteDans un deuxième temps vous devez tenter de résoudre un puzzle compliqué. Les chercheurs mesurent alors le temps que vous passez à tenter de résoudre le problème. L’étude montre que ce temps dépend du type de nourriture auquel vous avez dû résister.

Une partie des participants doit résister à la tentation de manger des radis (facile !) et l’autre doit s’abstenir de manger des sucreries. Les résultats disent que si vous avez dû résister à un plat de cookies au chocolat, vous abandonnerez plus vite la tâche ultérieure que si vous avez dû résister aux radis.

Conclusion dangereuse

Attention à la conclusion que vous tirez ! On pourrait en déduire qu’il ne faut pas fixer trop d’objectifs à la fois. Par exemple vous pourriez vous dire que si vous essayez d’arrêter de fumer, de commencer à faire du sport et d’abandonner les sucreries, le tout pendant la même période, vous risqueriez d’épuiser les batteries de votre volonté. Il ne resterait alors plus d’énergie pour résister au paquet de chips en fin de journée. Votre volonté aurait perdu tout son pouvoir, elle serait « épuisée ».

C’est faux

Les choses ne sont pas si simples. Les problèmes avec les études scientifiques, c’est que les expériences qui ne montrent pas de résultats convaincants ne sont pas publiées. Vos recherches ne sont publiées que si vous obtenez des statistiques convaincantes. Ce que les journaux scientifiques ne montrent pas, c’est que l’effet de l’épuisement de la volonté est difficile à prouver. Ils nous donnent l’impression que chaque fois qu’il a été testé, il a été publié. Or vous avez compris, la réalité est que cet effet n’a été publié que lorsqu’il a été démontré. Toutes les études qui n’ont pas réussi à démontrer l’épuisement de la volonté ne sont pas ou peu accessibles. Elles sont pourtant nombreuses. (2)

Quelle est donc la réalité ?

Il existe une autre manière de voir les choses: celle des croyances à propos de la volonté. Si vous êtes convaincus que votre volonté n’est accessible qu’en quantité limitée, vous risquez de trouver les choses plus difficiles lorsque les défis se multiplient. Si par contre vous pensez quelque chose du genre: « Réussir ce défi me rendra plus énergique », vous continuerez à donner le meilleur de vous-même.

Ceci est expliqué par d’autres études en psychologie. Imaginez que cette fois que, au lieu de vous exposer à de la nourriture plus ou moins tentante avant d’effectuer des tâches difficiles, les chercheurs vous fassent lire des affirmations sur le pouvoir de la volonté. Apparemment, si ces affirmations donnent à penser que la volonté a un pouvoir sans limite, vos performances à une tâche ultérieure seront meilleures que si vous pensez le contraire.

Quel rapport avec l’estime de soi ?

J’aime le répéter : votre estime de vous-même a non seulement à voir avec la valeur que vous vous attribuez en tant que personne, mais aussi avec le fait que vous agissiez en accord avec vos valeurs. Accomplir ou non les choses qui vous tiennent à cœur a des conséquences. C’est la raison pour laquelle j’encourage mes patients (et je vous encourage) à:
– Prendre des décisions
– Surmonter les peurs
– Passer à l’action
– S’affirmer face aux autres

Mon programme en ligne « Devenez votre meilleur ami en 8 étapes » inclus d’ailleurs des modules spécifiques pour accomplir ces différents objectifs.

Conclusion

Les croyances motivantes à propos du pouvoir de la volonté ont un impact sur nos performances. Pensez « Le pouvoir de ma volonté est sans limite » (ou quelque chose du genre qui vous corresponde) et vous cesserez de remettre à plus tard. Vous accomplirez plus facilement les objectifs que vous vous fixez. En bonus vous améliorerez aussi votre estime de vous-même.

Je vous encourage à mettre en place des petites choses qui vous font du bien. Même si elles sont parfois difficiles à entamer, en les démarrant vous vous rendez compte que le résultat vous apporte du plaisir et qu’avec le temps, elles deviennent agréables. Par exemple méditer cinq minutes par jour, manger sain le matin, pratiquer la gratitude, faire un exercice de respiration après la journée de travail, … Autant de petites choses capables de changer votre relation avec vous-même. Soyez tout de même réaliste et gentil(le) avec vous-même, n’exigez pas l’impossible !

 

Pour aller plus loin

La lecture de cet article soulève peut-être en vous des questions non résolues telles que : Comment se convaincre de quelque chose dont on n’est pas intimement persuadé ? Comment s’y mettre lorsque l’on a la flemme ? Comment choisir ses priorités ? Vous trouverez des pistes de réponse dans les articles mentionnés ci-dessous et vous pouvez bien sûr m’écrire. Je réponds toujours (même si parfois avec un certain délai). Vos questions m’inspirent !

A lire aussi:

Comment avoir plus de volonté

Transformer le sentiment de rater sa vie

Comment s’y mettre, ou passer à l’action et augmenter son estime de soi au passage

 Références:

(1) Baumeister, et al. (1998). Ego depletion:  Is the active self a limited resource?  Journal of Personality and Social  Psychology, 74 (5),   12 52–1265

(2) Job, V., et al. (2010). Ego depletion — Is it all in your head? Implicit theories about willpower affect self-regulation. Psychological Science, 21 (11), 1686 –1693.

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